Les souvenirs de guerre d’Auguste Rama

Nous vous avons déjà présenté Auguste Rama, fils de paysans, né à Quintenas (1883-1973).

Ses souvenirs d’enfance décrivent notre village, la vie dans nos campagnes, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Il y dresse des portraits amusants de quelques habitants de Quintenas. Ses récits ont aussi alimenté les articles consacrés aux écoles, aux conscrits, etc.

Nous le retrouvons aujourd’hui avec un livre de souvenirs compilés par ses petits-enfants :

« Souvenirs 1914-1919 »  « Une traversée de la Grande Guerre »

Ce livre, édité pour les 100 ans de l’Armistice, a été présenté lors de l’exposition du 11 novembre 2018 à Quintenas.

C’est un récit captivant sur cette terrible guerre, un récit qui vient compléter le Journal de guerre de Jean Vergne inclus dans le livre « Quintenas 1914-1918 ».

Quelques extraits

« Le sergent allait passer pour me donner des consignes. Avec mes huit hommes, je le suis, en franchissant ce remblai jusque dans cette tranchée qui ne sert que la nuit pour surveiller le terrain découvert qui nous séparait de la tranchée d’en face, et voici ce que j’entends : « on ne prend la garde que complètement équipé et armé ; on ne doit parler qu’à voix basse. Défense de se servir de lampe de poche ; défense de fumer. Votre secteur va de ce tronc d’arbre jusqu’à l’endroit où la tranchée fait une courbe à gauche : soit environ cent cinquante à deux cents mètres. Vos hommes doivent se partager ce secteur en déambulant s’ils ne veulent pas rester immobiles. Mais ils sont au courant, c’est tous des braves types. Il faut écouter, tâcher de deviner ce qui se passe là-bas si on entend quelque chose. En cas de quelque chose d’anormal qui vous inquiète, vous venez m’appeler. Il faut tâcher de voir même quand il fait très noir, les yeux s’habituent. Les fusils doivent être chargés. Il ne faut pas s’affoler. Il faut garder son sang-froid… Si une fusée éclairante s’allume dans le secteur, il faut se baissée dans la tranchée et tâcher de voir sans être vu. Si vous entendez, de temps à autre, de l’autre côté, tirer des coups de fusil, il ne faut pas répondre. Vous ne tirerez qu’en ma présence. Je serai toujours dans les environs. Il faut veiller surtout si on entend marcher, au cas où ce serait une patrouille ennemie qui viendrait à pas feutrés faire un coup de main dans le secteur. Il faut crier Halte-là !  Si jamais c’est une patrouille des nôtres, quelqu’un se détachera pour vous donner le mot de passe. Il ne faut surtout pas confondre les bruits. Toutes les nuits vous entendrez des boites de fer trincailler à un moment ou l’autre. Il ne faut pas confondre, ce sont presque toujours des rats qui cherchent leur pitance. Vous verrez, on s’habitue, les oreilles s’y font. Je vous le répète, on ne doit pas tirer sans raison sérieuse, car il est arrivé que le coup de fusil tiré au hasard par un poilu effrayé ait déclenché une vive riposte d’en face et que la mitrailleuse se soit mise à arroser abondamment le rebord de notre tranchée, ça peut aller loin… »

« Tout cela avait pris un quart d’heure. J’en avais plein la tête ! Je voyais toutes les difficultés se présentant à la fois et tous les jours ! J’en était un peu affolé. D’autant plus que pendant que le sergent débitait toutes ses consignes, mon attention était attirée ailleurs. Les éclats d’obus, sur la crête, se faisaient nombreux, même sur la pointe du plateau qui nous dominait. A quelques centaines de mètres, une mitrailleuse crachait sans interruption et les coups de fusils se multipliaient… »

« Les obus venant de l’est hurlaient en passant au-dessus de nos têtes et mêlaient leur horrible sifflement à celui de nos 75 qui ripostaient. Bientôt ce fut la grande sarabande… »

« C’était un grondement, un roulement infernal pour le novice que j’étais. J’en restais médusé ! J’avais une sensation de fin du monde. Cela dura une demi-heure paraît-il. Et j’avais cru que la moitié de la nuit s’était écoulée. »

Se procurer le livre

Cécile Rama
3 rue de la fraternelle – 69009 Lyon

Adresse mail : cecilerama (@) la poste.net

Louis Rama
498 Le Cours – 84210 Saint Didier

Adresse mail : l.rama (@) orange.fr

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