Histoire de nos écoles

Nous ne savons pas exactement à quelle date remonte la création d’une école à Quintenas ; la première mention concerne l’achat d’un bâtiment en 1733. Nous avons pu constater que, depuis près de trois siècles, les écoles de Quintenas reflètent bien l’évolution de l’enseignement au niveau national. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, elles aussi ont été marquées par le clivage entre écoles religieuses et écoles laïques.

Nous avons bénéficié de l’énorme travail de recherche effectué par Mme Taupier-Letage et Michel Heyraud dans le cadre d’une conférence qu’ils avaient donnée à la Bibliothèque de Quintenas. Nous les remercions chaleureusement pour la transmission de toutes les informations qu’ils avaient recueillies.

Les grandes étapes du système éducatif français

Entre la fin du Ve siècle et la fin du XVIe notre système d’éducation s’est peu à peu mis en place.

Les universités de Paris et Montpellier ont été créées dès 1150. Au cours du Moyen Âge d’autres formes d’éducation se sont développées, des petites écoles dans de simples villages, des précepteurs privés dans les familles nobles, des collèges urbains (séminaires) gérés par les ordres religieux. Presque tous les maîtres d’école étaient alors des gens d’église, l’enseignement et l’éducation religieuse étant étroitement liés.

L’École d’Athènes par Raphaël présentant l’ensemble des philosophes grecs

Contrairement à la légende populaire, ce n’est pas Charlemagne qui a inventé l’école.

L’enseignement existait déjà dans la Grèce Antique. Tous les enfants athéniens rejoignent l’école dès l’âge de 7 ans.

Dans la Chine ancienne, Confucius affirme que l’éducation au plus grand nombre permet de former au mieux les serviteurs de l’état.

En France, l’enseignement des druides était déjà une ébauche d’instruction.

Musée Aubois d’Histoire de l’Éducation. Troyes, Aube.

À l’époque Gauloise, l’enseignement faisait partie des fonctions des Druides. Il n’y avait pas d’organisation, seuls les jeunes gens attirés par leur renommée venaient à leurs cours réservés aux nobles Gaulois.

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Fin du IIe siècle : un enseignant, deux disciples et un esclave debout. Bas-relief Musée rhénan de Trêves, Allemagne.

L’enseignement de l’époque Gallo-Romaine est réparti en trois niveaux. Dès 7ans, on apprend à lire, écrire et compter ; à 12 ans c’est l’enseignement de la grammaire et les secrets de la langue latine et à 15 ans on acquiert la maîtrise de l’art oratoire.

Charlemagne réinvente l’école au VIIIe siècle. Il a cherché à développer l’enseignement dont le but était de former une administration performante.

En 789, il proclame « qu’on rassemble non seulement les fils de condition modeste, mais les fils bien nés. Qu’on établisse des écoles pour l’instruction des garçons. Que dans chaque monastère on enseigne les psaumes, les notes, le chant, le comput (calcul), la grammaire, et qu’on dispose de livres bien corrigés ».

Il se rend rapidement compte que l’instruction est indispensable au progrès des civilisations. C’est pourquoi il ordonne aux moines d’ouvrir des écoles.

Il y a trois types d’écoles :

  • Des écoles publiques pour mettre l’enseignement à la portée de tous. Chaque cathédrale aura une double école :
    • Une école intérieure réservée aux clercs et aux moines,
    • Une école extérieure gratuite, ouverte à tout le monde.
  • L’école palatine ouverte dans le palais impérial, réservée aux enfants des seigneurs. Il y fait également entrer quelques enfants de condition modeste.
  • L’académie palatine, sorte de cercle littéraire, réservée aux membres de sa famille.

Pendant tout le Moyen Âge, l’éducation est confiée aux prêtres.

La première université française voit le jour en 1215. Elle acquiert rapidement un très grand prestige, notamment dans les domaines de la philosophie et de la théologie.

Gravure d’école du XVIe siècle

Le Concile de Trente prescrit d’améliorer la formation et l’éducation de tout le clergé en créant les séminaires, où les étudiants vivraient en communauté sous le contrôle direct d’éducateurs prêtres. Comme l’apprentissage de la lecture n’était pas encore universel, il a fallu créer des petits séminaires pour préparer les jeunes garçons à suivre l’enseignement du séminaire.

Avec l’apparition de l’imprimerie au XVIe siècle, dans les grandes villes naissent des collèges qui vont démocratiser l’enseignement.

Pour l’église, cette période est celle du Concile de Trente convoqué par le Pape Paul III du 22 mai 1542 au 4 décembre 1563. L’objectif était de trouver un consensus entre les différentes tendances au sein de l’église.

Il se terminera par une division entre les traditionalistes et les réformateurs (Martin Luther et Jean Calvin), ce qui va entrainer les guerres de religion à la fin du XVIe siècle.

L’une des décisions du concile sera la création des séminaires qui seront pendant des siècles le seul lieu d’instruction.

Après cette période difficile pour le peuple, qui a terriblement marqué notre région, vont se créer de nombreuses congrégations dont la vocation sera de soulager la misère du peuple et de donner un enseignement aux enfants pauvres.

Gravure d’école du XVIe siècle

De rares « petites écoles » existent, créées par des congrégations ou des donateurs privés, dans notre région ce sont les Frères des Écoles Chrétiennes et les Sœurs de Saint Joseph. On y enseigne la lecture et le chant, la civilité, l’écriture et le calcul.

La congrégation des Sœurs de Saint Joseph fut créée au Puy-en-Velay en 1650. Les Frères des Écoles Chrétiennes datent de 1680. Celle des Sœurs de Saint Joseph connaîtra un essor important dans notre région (Satillieu 1661, Saint-Vallier 1668, Saint-Félicien 1703). Elles s’installent à Quintenas en  1732 et y ouvriront une école de filles à une date non connue ; l’école Saint Joseph est encore là d’aujourd’hui.

Louis XIV veut rendre l’école obligatoire dans toutes les paroisses, les ordonnances de 1695 et 1698 placent l’intégralité des écoles entre les mains du clergé.. Il place l’intégralité des écoles entre les mains du clergé. Le maître d’école est le curé, le vicaire ou le bedeau.

La loi n’est pas appliquée. En la laissant à la charge des paroisses, certains notables s’y opposent ; l’un d’eux dira « Est-il avantageux ou préjudiciable au bien de l’Etat que les gens de la campagne sachent lire et écrire ? ».

À l’approche de la révolution, période charnière de notre histoire, les idées foisonnent. L’instruction devient un intérêt national.

Diderot, écrivain philosophe, prône l’éducation du peuple ainsi que Condorcet qui développe en 1792 un projet d’instruction publique fondé sur les principes d’égalité, laïcité et liberté. Mais encore une fois la loi ne sera pas appliquée.

La suppression des congrégations intervient sous la Révolution, en particulier les congrégations principalement enseignantes et hospitalières. (Convention par décret du 18 août 1792).

Dès 1795, les instituteurs doivent être payés par les communes ; seuls les religieux qui prêtent serment à la constitution pourront enseigner. Les premières grandes écoles sont créées au milieu du XVIIIe siècle dans le but de fournir les cadres techniques et militaires des grands corps d’Etat.

La Révolution dissout les congrégations religieuses. La Constitution prévoit l’instruction publique gratuite et pour tous. Cette loi aussi ne sera pas appliquée, faute de moyens.

Napoléon définit une administration centralisée de l’enseignement (académies avec recteur et inspecteurs, grades pour enseigner, création des lycées). Il autorise à nouveau les congrégations religieuses à enseigner. L’Église accepte le monopole de l’enseignement selon les termes du Concordat.

Les premiers lycées sont ouverts sous le consulat en 1802. Le baccalauréat est créé en 1808.

Il rédige une loi dans laquelle des écoles municipales doivent être créées dans toutes les communes. Les instituteurs doivent être payés par les municipalités et celles-ci doivent également fournir le logement aux instituteurs.

Napoléon en confiant les écoles aux communes au maire, permet aux congrégations de reprendre leur place dans l’enseignement populaire.

Si la Restauration permet le retour des religieux, elle ne remet pas en cause les principes de l’éducation issus de la révolution.

L’ordonnance royale du 29 février 1816 :

  • La première charte de l’école primaire demande aux communes de se doter d’une école et d’assurer l’instruction gratuite des enfants indigents.
  • Pour enseigner, il est exigé un brevet de capacité aux maîtres d’école et un certificat de bonne conduite du curé et du maire de la commune.

L’ordonnance reste silencieuse sur l’enseignement des filles, la formation des maîtres et le financement des dépenses scolaires.

L’église reprend peu à peu son ancien pouvoir sur l’école. Le XIXe siècle voit ainsi constamment s’affronter laïcs et religieux.

En 1828, est créé le premier ministère de l’Instruction Publique.

Elle représente la première grande intervention de la puissance publique depuis la Révolution. Elle impose une école de garçons dans les communes de plus de 500 habitants et une école normale dans chaque département. La charge financière de l’école primaire est laissée aux communes. L’instruction morale et religieuse y est obligatoire.

À cette date seulement un tiers des communes avait une école. En 1830 le nombre de conscrits illettrés dépasse 55 % alors qu’en 1910 il sera inférieur à 5 %.

Quintenas avait une école privée de filles tenue par les Sœurs de Saint Joseph mais n’avait pas d’école de garçons. L’école communale de garçons ouvrira en 1834 avec M. Lauvie comme premier instituteur laïc. En 1839, les Petits Frères de Marie (les Maristes, congrégation créée vers 1815) s’installent dans l’école communale et y enseigneront jusqu’en 1892.

15 mars 1850, la loi Falloux

Elle aborde tous les aspects de l’éducation à l’exception du supérieur mais reste surtout connue par ses dispositions sur la liberté d’enseignement, laissant une large place à l’enseignement religieux. Elle complète la loi Guizot en rendant obligatoire une école de filles dans toute commune de 800 habitants.

La loi Duruy décide que les instituteurs des écoles publiques seront des laïcs, et impose l’ouverture d’une école de filles dans les communes de plus de 500 habitants. Il n’y a plus que 2 % des communes qui n’ont pas d’école.

Jules Ferry (1832-1893)

Sous l’impulsion de Jules Ferry différentes lois instaurent la gratuité de l’enseignement primaire public et instituent l’obligation scolaire jusqu’à 13 ans. Elles distinguent les écoles publiques (appelées communales) fondées et entretenues par l’État, les départements ou les communes et les écoles privées fondées et entretenues par des particuliers ou des associations.

9 août 1879

Création des écoles normales dans chaque département pour assurer la formation des instituteurs laïcs, destinés à remplacer le personnel congréganiste.

21 décembre 1880

Extension aux jeunes filles de bénéficier de l’enseignement secondaire d’état.

C’est Jules Ferry qui fait entrer dans l’enseignement l’étude des grands auteurs, les explications de texte et la récitation de poésie, exercice jusqu’alors inconnu.

Cette loi impose, entre autres, la neutralité de l’école publique et l’abandon de l’éducation religieuse qui n’est autorisée que les jours de repos et en dehors de l’école. La morale laïque, l’universalité des valeurs républicaines, l’enseignement des droits et devoirs des citoyens remplacent le catéchisme.

Les classes des écoles publiques à la fin du XIXe siècle

La loi sur les associations promulguée par le cabinet de Pierre Waldeck-Rousseau prévoit la liberté de création des associations mais instaure un régime d’exception pour les congrégations religieuses. Les congrégations doivent être autorisées par une loi et peuvent être dissoute par un simple décret. La plupart des congrégations déposent leur demande d’autorisation. Celles qui s’y sont refusées sont dissoutes en octobre 1901. En janvier 1902, le Conseil d’État déclare que l’autorisation préalable nécessaire aux congrégations s’imposera désormais à toute école dans laquelle enseignent des congréganistes, quel que soit leur nombre.

Au début du siècle, subsistent encore deux écoles, l’école privée qu’on appelle souvent celle des « notables » et l’école publique, celle du peuple. Dans la première, les élèves suivent des cours de l’enfance au baccalauréat, alors que la seconde va essentiellement jusqu’au certificat d’étude qui s’obtient à 12 ans.

1902. Le cycle secondaire est créé (collège d’aujourd’hui).

1919. Loi Astier. Création du CAP, financé par la taxe professionnelle.

1925. Les filles jouissent du même accès aux études que les garçons. Les programmes filles et garçons deviennent identiques.

1932. Le ministère de l’Instruction Publique devient le ministère de l’Éducation Nationale.

1936. Loi Zay, l’école devient obligatoire jusqu’à 14 ans.

1944. Création des centres d’apprentissage.

1959. Les enfants doivent recevoir une éducation entre 6 et 16 ans.

Création des Collèges d’Enseignement Technique qui remplacent peu à peu les centres d’apprentissage. (BEP en 1967).

1962. Création du Brevet de Technicien Supérieur (BTS).

Dans les années 1960 s’impose la mixité dans les écoles.

1985. Bac Pro dans les lycées professionnels.

1990. Les Écoles Normales d’Instituteurs sont remplacées par les Instituts Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM).

2018. La scolarisation devient obligatoire dès 3 ans.

L’éducation nationale est en constante évolution. La fin du XXe siècle apporte une grande nouveauté, l’apparition des nouvelles technologies. Les ordinateurs et vidéoprojecteurs s’imposent progressivement dans les écoles.

Des cours en visioconférence apparaissent à l’université et récemment avec la COVID (2020) dans toutes les écoles. Elles ont dû s’adapter et utiliser la visioconférence pour assurer les cours à distance.

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